MANAGER UNE EQUIPE AUJOURD’HUI : MISSION (IM)POSSIBLE ? (Épisode 2)

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4 minutes

 

Cet épisode explore comment la société est passée de la “Civilisation du devoir” à “l’ère du délire”, marquée par l’individualisme exacerbé et la quête de plaisir immédiat. Cette évolution a donné naissance aux Narcisses Immatures™️, des individus égocentriques et peu fiables, dont l’arrivée massive en entreprise bouleverse les relations de travail et complique le management. Les managers doivent désormais faire face à ces comportements tout en naviguant dans un contexte sociétal de plus en plus instable.

 

 

Notre Odyssée dans l’océan managérial se poursuit ! 

 

Résumé de l’épisode précédent : les 4 dimensions humaines clefs à animer pour atteindre la performance, et le défi des environnements MICs™️

 

Nous voici dans l’épisode 2 : le monde des Narcisses Immatures™️ et les glissements civilisationnels et sociétaux nous ayant fait passer de la « Civilisation du devoir »  à la « société du plaisir » et, à présent à « l’ère du délire ».

 

 

 

DÉFI MAJEUR 2 : LE CONTEXTE SOCIÉTAL (BIENVENUE DANS LE MONDE DES NARCISSES IMMATURES™️ !)

 

Il est temps de dépasser les pseudo-concepts éculés et caricaturaux de « générations Y, X, Z, Millenials » et autres inepties qui détruisent toute pensée (et action) managériale sérieuse et, ce qui est le plus ennuyeux : pertinente !

Les relations entre humains n’ont pas vécu une évolution, mais une RÉVOLUTION au cours de 60 dernières années. Petit abrégé :

  • Nous avons vécu pendant des siècles dans la CIVILISATION DU DEVOIR qui animait chaque personne : il faut d’abord faire ce qui doit être fait avant de chercher à prendre du « plaisir ». Cette société pensait les devoirs avant les droits…

  • À partir des années 1950-1960, une bascule s’est opérée pour nous faire entrer dans la SOCIÉTÉ DU PLAISIR PERSONNEL. Ce qui oriente mon existence ? Mon plaisir personnel ! Et rien d’autre. Cette bascule est énorme (et monstrueuse), et nous commençons à prendre conscience aujourd’hui de toutes les conséquences de cette inversion des polarités. Non seulement l’individu se décrète alpha et oméga de toutes ses décisions (sans jamais en assumer les conséquences et responsabilités), mais il va progressivement réduire les autres à l’état d’instruments de son plaisir personnel. L’autre n’est plus une personne (respectable car porteuse de dignité), elle est réduite, abaissée à un moyen, un simple instrument de mon plaisir. Certains commencent à peine à prendre conscience et percevoir toutes les aberrations de cet égotisme maladif … La société baigne dans le refus des contraintes, des efforts, des épreuves, etc…  Nous sommes plongés dans la société liquide, où tout doit être fluide et mou, où rien ne doit être dur, difficile ou nécessiter des efforts… et d’où toutes « peines » ou « souffrances » doivent être éliminées. Autrement dit : un monde inhumain !

  • Ainsi, les ENFANTS ROIS sont devenus des ENFANTS TYRANS, puis des NOURRISSONS GÉANTS (selon l’expression de Boris Cyrulnik) et enfin, ce que nous appelons les NARCISSES IMMATURES™️. Des individus qui réduisent le monde à eux-mêmes, à leurs envies, asservissent les autres à leurs caprices et à leurs volontés, et sur qui l’on ne peut évidemment pas s’appuyer. Au risque de nous répéter, mais pour enfoncer le clou : des individus qui n’ont aucune fiabilité dans leurs engagements mais qui veulent, telles des sangsues, tout prendre chez les autres. Expériences que chacun de nous peut avoir l’occasion de vivre tant dans sa vie professionnelle que… personnelle ou sociale

  • Le problème ? Les entreprises se sont (longtemps) crues à l’abri de ce que vivaient déjà les familles et les éducateurs et doivent aujourd’hui faire face à un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

 

 

 

LES GLISSEMENTS SOCIÉTAUX ET CIVILISATIONNELS

 

Le DÉFI du MANAGEMENT s’accentue depuis quelques années ; en effet, nous venons de décrire la bascule de la CIVILISATION DU DEVOIR à la SOCIÉTÉ DU PLAISIR PERSONNEL ; mais nous sommes également entrés de plain-pied dans une nouvelle dimension : l’ÉRE DU DÉLIRE

  • Conséquence logique de la société du plaisir personnel - qui ne trouve aucun frein ni aucune limite dans l’expression de la volonté et des droits de l’individu… - elle s’exprime de deux façons : 

  • D’abord le nihilisme passif (« je ne veux rien… je n’ai envie de rien… »), avec ses réponses dans la « narcotisation » de l’existence : alcool, drogues, anxiolytiques, mais aussi heures passées devant la télé ou à « chiller », à « scroller » frénétiquement sur les réseaux sociaux… Suivi de près par le nihilisme actif (« je veux le rien, je veux tout détruire, je veux agresser les gens (verbalement ou physiquement), je veux éliminer tous ceux qui ne sont pas d’accord avec moi, qui ne sont pas comme moi»)…

  • Et le rejet de toute forme d’effort ou de contrainte. Pourquoi apprendre ? Pourquoi faire l’effort de se développer Et… pourquoi travailler ?

 

La conséquence ? Outre la mise en place de mesures compensatoires et de politiques d’ASSISTANAT, qui renforcent le côté « nourrissons », on assiste à une dégradation marquée (et factuellement constatée années après années) du niveau de culture et d’éducation, renforcée par un matraquage médiatique prônant (et réussissant !) un abrutissement des masses et une destruction de la culture. Une illustration ? La perte abyssale du niveau de maîtrise du vocabulaire dès l’entrée au collège Nous n’entrerons pas dans une analyse détaillée des études sur le sujet, mais pouvons poser ce constat lapidaire : peu de vocabulaire ne permet pas d’exprimer ce que l’on pense ou ce que l’on ressent. Ne pas pouvoir exprimer ses émotions et ses ressentis intérieurs génère de la frustration. Ne pas pouvoir réfléchir par manque de vocabulaire, mais également de méthodes pour articuler ses réflexions et ses arguments. Les raccourcis langagiers (et donc de pensée) sont devenus la norme : « je ne dirais pas que c’est un échec, simplement cela n’a pas marché », comme dirait Monsieur Macron (abandonnant le principe fondateur de tout discours cohérent : le principe de non contradiction si cher à Aristote).

Au quotidien, la perte de vocabulaire n’a rien de dramatique MAIS en cas de désaccord… on assiste à une réaction en chaîne : frustration de ne pas pouvoir verbaliser des ressentis, des réflexions, etc… frustration de se sentir limité, diminué, voire humilié… montée de colère forte : insultes, cris, violence, pouvant aller jusqu’à l’extrême violence (seul ou en meute). On s’en réfèrera ici aux travaux du Dr Maurice Berger sur l’ultra violence des jeunes, qu’il analyse et dont il dénonce la montée depuis plus de 15 ans (dans un silence médiatique assourdissant). Nos Narcisses Immatures™️ déjà dénués d’empathie vont alors verser dans l’ultra violence, et l’ère du délire se transformer en pure barbarie (et non, n’en déplaise aux inventeurs de cet euphémisme à la mode, en « décivilisalisation »)… 

Les managers de terrain, de proximité sont en première ligne de ce phénomène et subissent de réelles relations violentes, tout en subissant souvent une autre violence, symbolique quant à elle, celle des dirigeants qui restent en plein déni face à ce phénomène…

 

Sophie GIRARD & Jean-Olivier ALLEGRE

Avec l’aimable (et précieuse !) relecture et conseils de rédaction d’Émeline MILLER  (Office Manager au sein d’Humanae)

 

A suivre : Épisode 3 ICI

 

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Narcisses Immatures™️

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Tags
nouvelles mentalités, Narcisses Immatures

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