Vertical & Horizontal (Suite et fin…)

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Manager une équipe aujourd'hui | Episode 7

Vertical & Horizontal (Suite et fin…)

 

Il nous est apparu nécessaire non pas de compléter notre précédent article (à retrouver ICI si vous l’avez manqué) mais de lui apporter des précisions, des approfondissements sur le point central consistant à ne pas opposer Verticalité et Horizontalité dans le management, mais d’en faire un mouvement uni dans lequel les 2 mouvements forment une unité MAIS avec une temporalité où la Verticalité est la condition d’existence d’une Horizontalité réelle… Petites explications.

 

Le mouvement Vertical et Horizontal…

C’est un mouvement d’humanité. Il remonte aux fondements même de notre humanité. L’humain n’est pas qu’un animal. Il possède cette dimension que n’ont pas les animaux, de « conscience ». Nous ne parlons pas ici, de la simple conscience de soi, qui est déjà importante (et même plus!), mais de la conscience de se savoir un être fini, mortel. C’est le sens antique du célèbre « memento mori » (« garde à l’esprit que tu es mortel »). Si les humains ont bâti des civilisations, ce n’est pas par hasard; mais précisément pour dépasser ce fatalisme de la finitude individuelle et de la mortalité individuelle.

Le mouvement Vertical & Horizontal (sans cesse recommencé) est cet appel à conduire l’autre à se dépasser, et surtout à dépasser son « maître ». On trouve cette vocation à la hauteur et au dépassement dans tant et tant de Sagesses. C’est le sens du célèbre « on rémunère mal un maître en restant l’élève » de Friedrich Nietzsche. Ce même mouvement est présent dans toute la philosophie antique de l’éducation, non seulement chez Socrate, mais aussi dans cette sublime pratique de l’amitié décrit par Aristote : Un ami a pour but éthique de considérer son ami comme une fin en soi, et non comme un moyen à son service. Alors cet ami va tout mettre en oeuvre pour faire accéder son ami à sa hauteur sur les sujets dont il est « maître » et pratiquant, voire même à conduire son ami à le dépasser. Et lorsque son ami l’aura dépassé, ce sera lui qui le conduira et l’entrainera vers de nouvelles hauteurs, dans un mouvement continu.

Ainsi, le mouvement managérial du Vertical et de l’Horizontal tel que nous l’avons décrit et mis en avant dans notre précédent article est cet appel ancestral et fondateur d’élever chaque personne au-dessus d’elle-même tant dans ses compétences professionnelles que dans toutes ses capacités relationnelles et humaines.

C’est également le mouvement lui aussi archaïque (au sens de fondateur) du don et de la dette. Tout être humain, pour survivre, doit avoir quelqu’un qui s’occupe de lui, et donc qui va lui « donner » sans retour. Et la dynamique de vie de la dette reçue consiste, à son tour, à « donner ». Pas forcément à la personne qui a fait le don initial, mais à une personne qui en a besoin, et ainsi de suite dans un mouvement qui lui (jusqu’ici!) n’a jamais fini…

Autrement dit, le mouvement managérial décrit en détail dans notre dernier article consiste à « faire grandir une personne à partir de quelqu’un qui lui aussi nous a fait grandir pour nous donner notre liberté, notre autonomie, notre sens des responsabilités et du respect des autres ».

 

 

Civilisation, institutions et management…

Il est peu aisé d’aborder ces 2 notions essentielles qui devraient être au centre des préoccupations des entreprises avec la performance. Nous écrivons au conditionnel, car, en près de 25 ans d’interventions dans les entreprises nous avons du rencontrer une petite dizaine de dirigeants qui avaient saisi l’importance de ce sujet (avec celui de la culture d’entreprise) comme véritable fondation d’une cohésion dans la durée, c’est-à-dire non seulement quand le succès est présent, mais aussi et surtout dans les tempêtes et les épreuves. Mais peu importe …  la persévérance et l’endurance font partie de notre ADN.

Une institution est le garant des règles sans lesquelles nul n’accomplit rien sur le long terme, permettant aux humains de perpétuer leur existence.

Une institution porte les règles, c’est-à-dire les éléments constitutifs de la civilisation (ce qui permet de vivre en société de manière pacifiée). Une institution est un barrage à la barbarie, c’est-à-dire les comportements individuels ou collectifs qui visent à détruire les humains ou l’humanité des êtres humains (on relira ici notre article « volonté et désir » qui est une des illustrations de cette différence entre civilisation et barbarie) .

Même si les définitions présentées ici sont (plus que) sommaires, elles permettent de cadrer le débat sur la nécessité pour les managers (et les dirigeants) d’être de réelles institutions. C’est seulement à cette condition que managers et dirigeants peuvent assurer un réel respect entre les personnes, au-delà de toutes les différences et divergences. La culture d’entreprise repose précisément sur des valeurs fondatrices (4 ou 5) qui sont partagées par l’ensemble du collectif (à nouveau par-delà toutes les différences entre les personnes). C’est ce socle fondateur qui assure la cohérence et la cohésion d’un groupe humain. Sans cela (et l’histoire nous l’a montré tant et tant de fois), c’est le chaos, la violence et, comme dirait Hobbes, « la guerre de tous contre tous »; autrement dit le règne de la loi du plus fort, barbarie sans fond qui sacrifie systématiquement les personnes les plus faibles. Le manager et le dirigeant sont donc porteurs et garants des valeurs réelles (actives et quotidiennes et non celles phantasmées) pour que le groupe humain perdure en cohérence et cohésion. Les managers (notamment de terrain, de proximité) ne peuvent être ces garants que et seulement s’ils sont considérés comme des institutions. Sinon ? Ils seront remis en question et avec eux toute la chaîne des valeurs et, en dernier ressort, la vie du « groupe humain » en tant que « groupe humain ». Sans managers « institutions », pas de valeurs incarnées et vivantes. Sans valeurs incarnées et vivantes, pas de culture partagée. Sans culture partagée ? La guerre de tous contre tous et donc… en dernière instance… La loi du plus fort, donc la barbarie.

Au regard de ce qui se passe quotidiennement dans la société actuelle, il est totalement déraisonnable pour les entreprises de se croire « hors du monde » et hors de ce profond mouvement sociétal. Hélas… Il semble qu’elles aient choisies, pour la grande majorité, de rejoindre la lame de fond d’un certain nihilisme et d’une barbarie qui ne dit pas son nom.

Terminons ce passage difficile mais crucial en disant que les institutions sont porteuses d’une vérité première (celle qui est affirmée dans le premier mouvement de l’exigence) : « voilà ce que je te transmets, voilà ce que je t’enseigne. Telle est notre vérité historique et partagée ». Cela ne signifie pas, dans un second temps, quand les personnes, précisément seront « à la hauteur » tant en terme de compétences professionnelles que de maturité humaine, qu’elles pourront être alors discutées, remises à plat.

 

 

Lâcher le vertical c’est sombrer dans le monde des Narcisses Immatures™

Les entreprises, le management et la société sont confrontés à deux défis majeurs : le monde de MICs™ (Mutations, Incertitudes Complexités) et l’invasion des Narcisses Immatures™. Ces 2 défis  réclament précisément une réponse commune : des adultes autonomes, responsables ancrés dans des valeurs de respects des humains.

Pourquoi le mouvement présenté dans notre dernier article est-il aussi important dans le management (mais aussi dans la société et notamment l’éducation) ? Parce qu’il est précisément le mouvement d’élévation des humains vers leur humanité et non pour sombrer dans des comportements pire que le monde animal (qui lui, s’il connaît la « cruauté » (de notre point de vue humain), ne connait pas la barbarie, c’est-à-dire le plaisir dans l’humiliation et l’annihilation des plus faibles). Cela devrait être un enjeu marqué pour les entreprises et leurs gouvernances, car le risque est grand aujourd’hui de voir débarquer des actes réellement violents, des conflits encore plus marqués dans les entreprises.

Abandonner le vertical comme mouvement premier, c’est renoncer… et renoncer, c’est déjà avoir perdu…

 

SOPHIE GIRARD & JEAN-OLIVIER ALLEGRE

Tags
Management, vertical, horizontal, responsabilité

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