Une demande nouvelle … hors scope mais pas tant que cela...

Même si je fais ce métier de consultante formatrice depuis 1999 et j’ai pu animer des formations dans des contextes et environnements de travail, très différents,  j’ai récemment été confrontée à une situation inexpérimentée jusqu’à alors. 

En effet, le Directeur du Pôle Travail et Insertion au sein d’ATESIA (Mutualité Française de Saône et Loire)  m’a sollicitée pour mener encore plus loin la question de l’accompagnement des personnes qui relèvent de handicap dont il a la responsabilité au sein de différents ESAT. 

Depuis une vingtaine d’années j’ai l’habitude de former au management les managers qui les accompagnent au quotidien. 

Il s’agissait ici de mener un temps de formation avec elles autour de la notion de Projet Personnalisé (ce qui est l’équivalent de l’entretien annuel en milieu ordinaire, puisque ici nous sommes en milieu protégé). 

Un ensemble de défis à relever

Le challenge est donc de construire une formation pour un public dont les handicaps peuvent être multiples (du trouble cognitif à l’autisme) et en conséquence, les capacités à communiquer variables. L’objectif étant de leur permettre de mieux se préparer à ce moment (comme nous pouvons le faire dans des entreprises par ailleurs) et leur permettre d’exercer leur pouvoir d’agir. 

J’ai donc conçu un support de formation adapté tout comme son format … 2 heures. Ma priorité a été de conserver les principes pédagogiques clefs pour susciter l’intérêt et la participation, sujet de toute conception de formation. 

J’ai eu à gérer des personnes qui n’avaient pas la possibilité de lire, ou écrire de façon très limitée, ce que je rencontre rarement dans mes interventions. 

De même, une possibilité variable de s’exprimer de la part des participants avec des personnes relativement mutiques et d’autres qui avaient beaucoup envie de s’exprimer. 

J’ai été assez surprise sur la première journée d’avoir des participants qui pouvaient ne pas comprendre certains termes ou pouvaient avoir du mal à prendre la parole. Je me suis donc appuyé sur des images pour faciliter leur expression, ralentir mon débit de parole, fait des schémas complémentaires … 

Mon défi a été de faire en sorte que chacun quelle que soit sa situation, puisse s’exprimer au moins une fois. 

Quels enseignements en tirer ?

Ce même Directeur m’avait dit il y a quelques années qu’accompagner dans ce contexte nécessitait un management au rayon laser. 

Animer une formation se fait aussi au rayon laser; les principes en restent les mêmes mais ils se combinent de façon plus précise afin de prendre en compte chacun en fonction de sa situation. 

Cela m’a permis de mieux comprendre encore le métier des moniteurs d’ateliers et des personnes accompagnant les parcours d’insertion sur un sujet clef : l’importance de bien connaître sa place (avoir la bonne distance) pour accompagner des personnes fragilisées (ou ponctuellement ou plus durablement) et la nécessaire agilité à avoir pour s’adapter à chacun. 

Cela me conforte également, si cela était nécessaire, sur la place du travail comme vecteur d’insertion et de développement personnel et sur la vigilance à respecter les efforts et les progrès faits par chacun pour faire advenir son projet, quel qu’il soit. 

En quoi c’est cohérent avec qui l’on est au sein de Parrhèsia ?

Cette démarche est complètement en phase avec l’ADN de Parrhèsia en termes d’ambition « ne demande pas à l’autre d’être parfait mais permet lui de devenir le meilleur de lui-même ». 

J’ai été ravie de cette expérience aussi bien professionnellement qu’humainement parlant avec des participants dont le parcours peut forcer l’admiration souvent sur le fait de se mobiliser au quotidien pour avancer quels que soient les obstacles. 

Cela me conforte aussi dans mes convictions professionnelles, à savoir que l’on apprend aussi beaucoup de ses clients.

Sophie GIRARD