Servir !

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Manager une équipe aujourd'hui | Episode 4

Servir !

 

Manager, diriger, n'est pas un métier, c'est une mission !

Si vous cherchez la "paix", la "sérénité", ce que les Grecs anciens appelaient l'ataraxie, c'est-à-dire la paix de l'âme, ne soyez pas managers (de quelque niveau que ce soit). Car manager des équipes, les animer au quotidien (il y aurait ici tant à dire sur le sens étymologique et profond "d'animer" qui signifie, ni plus ni moins que "donner une âme", quel projet, quel défi!), c'est naviguer sur les hauts et les bas de la motivation collective et individuelle, c'est surtout être au cœur de toutes les problématiques de relations entre les humains… Bref : le fleuve sera tumultueux, et même s'il y a des moments paisibles et porteurs de vraies et belles joies et satisfactions, le quotidien est articulé aussi sur des imprévus !

 

De même, si vous n'êtes pas à l'aise dans les relations humaines et les labyrinthes de l'humanité, ne prenez pas cette place de manager dans une entreprise. Vous y ferez des malheureux (à commencer par vous!) et pas de performance, ou alors une performance qui se paie du prix "du sang et des larmes". Donc aucun intérêt… C'est exactement la même chose pour les personnes qui ont pris des postes de management, parce que "socialement" ça brille..

Manager et diriger une équipe, ce n'est pas un métier, c'est une mission, c'est-à-dire la capacité quotidienne à aller au-delà de ses fonctions et, parfois au-delà de soi.

 

 

Servir : deux sens…

Manager, c'est servir ! Propos provocateur de notre part ? Pas du tout, réalité profonde de la mission du manager. Vous nous rétorquerez avec raison qu'il existe (réellement et concrètement) des managers qui ne sont pas dans cet appel de "servir". Vous avez raison, mais nous avons répondu à cette objection dans le premier paragraphe…

Servir possède 2 sens.

SERVIR c'est tout d'abord "ÊTRE UTILE". Le manager est utile, sa mission est celle de l'utilité. Il faudra bien sûr répondre à la question utile à qui? À quoi ?.. Nous le ferons peu après dans cet article.

Servir c'est aussi OBÉIR. Obéir dont l'étymologie est aussi fantastiquement inspirante que celle d'animer. Obéir vient du latin ob audire… littéralement : être devant la parole! C'est-à-dire faire et avoir tellement confiance en celui qui parle, que je devance sa parole ! Ici également, obéir à qui?..

Sentez-vous votre ego se rebeller contre ces 2 significations profondes du manager dont la devise serait : "Servir" ! Et pourtant…

 

 

La loi de l'unité des contraires…

Héraclite d'Éphèse mettait déjà en avant cette Loi fondamentale de l'univers en 500 AVJC : l'unité naît et vit de l'union des contraires. Dans le management, et dans le "servir" du manager, c'est exactement la même chose. SERVIR, c'est INSPIRER & EXIGER, autrement dit, c'est aller chercher en chaque personne de son équipe le meilleur pour qu'il s'élève, lui donner envie d'aller tutoyer les étoiles, et c'est aussi indiquer une direction et demander qu'elle soit suivie. SERVIR, n'en déplaise aux égarés des temps présents, ne consistent pas seulement DONNER et être en SOUTIEN; ce n'est ici qu'une face de la pièce, la seconde étant cette CAPACITÉ VERTICALE de poser des EXIGENCES claires et non négociables.

 

 

Le manager est une institution : proximité et distance

Pour que le manager puisse SERVIR sans que "service" ne soit synonyme de "serpillère" ou "d'humiliation", il doit être considéré et se comporter comme une INSITUTION, autrement pas seulement une personne, mais une AUTORITÉ reconnue en tant que vecteur de cohésion et de performance. Si le manager n'est qu'une personne, alors il sera "suivi" parce que c'est "lui" ou c'est "elle". Sa personne, son "leadership" comme nous dirions aujourd'hui est un aimant attractif qui place le management dans la sphère obsessionnelle de l'émotion : "admirez-moi", "aimez-moi", ou… plus trivialement : "craignez-moi !". Bref… Pas de quoi aller très loin (pour les équipes en tout cas). Mais ! Le manager est une institution porteuse d'autorité en tant que mission, mais, étant humain il est aussi dans la proximité qui permet de transmettre la motivation, l'envie, le projet, la direction, etc… Ici encore, l'unité des contraires, il est proche et distant à la fois : c'est pour cela et c'est comme cela qu'il incarne non seulement l'AUTORITÉ, mais aussi et surtout le RESPECT.

 

Les 3 questions clefs…

 

Servir qui ?

C'est bien la question qui se pose depuis le début de cette réflexion… SERVIR ! Mais qui ? Et les réponses vont articuler ce qui semblait antinomique, paradoxal… Notamment sur l'AXE CENTRAL du management : VERTICALITÉ & HORIZONTALITÉ, c'est-à-dire EXIGENCE & AUTONOMIE.

Le manager sert l'ENTREPRISE, comme collectivité : du dirigeant aux opérateurs (même ceux qui ne sont pas dans son équipe ou son "périmètre de responsabilité". Car, fondamentalement, le manager est AU SERVICE DU COLLECTIF. Il travaille, il œuvre au quotidien pour la PERFORMANCE GLOBALE ET COLLECTIVE. C'est dans cette dimension qu'il incarne l'EXIGENCE, la VERTICALITÉ.

Et… Il est aussi au service de SON ÉQUIPE. Nous pourrions résumer cette posture par "je suis là pour vous, car vous êtes là (non pas pour moi, pour ma petite personne) pour le COLLECTIF. Je me mets à votre service, car vous allez et nous allons tous ensemble servir le collectif. Nous sommes bien loin ici des théories fumeuses du "servant leading management" ou du "management participatif" qui a transformé une génération de managers en "serpillères des équipes" ou en "récipiendaire des caprices de son équipe"…

Et, comme nous l'avons évoqué plus haut, il est aussi, avec son équipe, AU SERVICE DES AUTRES ÉQUIPES. Ici encore, cette obsession jamais abandonnée de SERVIR LE COLLECTIF.

 

Servir à quoi ?

Servir à la PERFORMANCE et à l'HUMANITÉ… Non ce ne sont pas des grands mots, ni des déclarations sans lendemain. Nous avons tous et toutes eu la chance de croiser, un jour, un manager, un dirigeant qui incarnait ce service à la performance et à l'humanité, ce service à la performance avec et par l'humanité. Ces managers qui ont du respect pour les personnes de leurs équipes (ce qui ne signifie absolument pas que tout est rose et sans tensions et désaccords) pour les conduire sur la voie de la performance économique, mais aussi de leur permettre non seulement de rester humain dans leur travail, mais aussi et surtout de "grandir" en tant que personne, en tant qu'être humain. Nous avons toutes et tous côtoyés, un jour, dans notre éducation, dans notre vie personnelle ou professionnelle, sociale, au moins une personne comme cela. Et, avouons le nous, cela a fait toute la différence…

 

 

Servir quoi ?

C'est la question sur laquelle s'échouent tant et tant de managers et de dirigeants… Pourtant… Tout a déjà été dévoilé et écrit plus haut… servir quoi ? Des objectifs ? Des indicateurs ? Des KPI's ?... Pfff… les ÉQUIPES qui PERFORMENT AU-DELÀ des attendus et dans la DURÉE ont toutes la même marque : celle de la CAUSE COMMUNE. Nous mesurons ici combien certaines entreprises, certaines équipes ont perdu le nord de toute motivation, tant cette notion de "cause commune" est non seulement "vide", mais absente, absolument absente… Et les managers et encore plus les dirigeants s'étonnent de l'absence de motivation des personnes face au challenge d'un EBITDA à 15% ? D'un CA qui tape le Milliard ? D'une place de numéro un ?.. Sans blague… Quelle méconnaissance fondamentale de la motivation humaine. Donc… la cause commune est ce qui nous constitue, au sein de l'entreprise, dans ce que l'on appelle la COMMUNAUTÉ DE DESTIN. Nous partageons des objectifs communs, du dirigeant à l'opérateur, en passant par toutes les strates de managers. Cela signifie concrètement que NOUS VIVONS ENSEMBLE, de manière SOLIDAIRE, tant les joies, les victoires que les défaites et les naufrages. Tous ensemble, car nous sommes portés par une MISSION et une CAUSE COMMUNE !

 

 

SERVIR dans le management, signifie profondément cela : être capable d'exiger pour aller vers les hauteurs (de la performance et de l'humanité), et savoir "faire grandir", c'est-à-dire développer les personnes dans leur humanité et leur autonomie. Servir dans le management, c'est retrouver cette loi fondamentale qui permet de construire de grande chose autour d'un cause commune qui fédère le collectif sans jamais écraser ou nier l'individu.

 

Cet article est, ce que nous appelons dans nos formations "un apport étoile", c'est-à-dire que non seulement il nous aspire vers les hauteurs , mais surtout, il explose ensuite en multiples développements. C'est largement le cas ici, mais nous avons voulu rester cohérent sur notre ligne éditoriale d'articles "courts". Soyez rassurés, toutes les branches évoquées trouveront des articles en résonnances…

 

À nouveau, et pour revenir au début de cet article : manager, diriger, n'est pas un métier mais une mission. Une vocation ? Peut-être si là encore nous l'entendons au sens étymologique : un appel intérieur… Nous comprenons mieux, après ces quelques minutes de lecture, pourquoi tant de managers et d'équipes sont "malheureuses", démotivées et dépitées tant le souffle puissant de l'inspiration est manquant.

 

Sophie Girard & Jean-Olivier Allègre

Tags
manager, exiger, verticalité,

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