Sachant perdre, ils ont su « gagner »

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Nous avons tous connu des équipes (dans quelques domaines que ce soit) qui, à force de gagner sont devenues non seulement fragiles, mais aussi exaspérantes, et ont fini leur chemin en vrille dans un virage pourtant facile à prendre. En prenant le contre-pied de celles-ci, nous avons voulu vous présenter les clefs de la réussite de ces équipes (et de ces personnes) qui, ayant connu l’amertume de la défaite, ont su créer l’alchimie de la réussite. Syndrome du Phénix sachant renaître de ses cendres?…

SAVOIR PERDRE

Assumer !

Savoir perdre, c’est avant tout savoir ASSUMER LA RESPONSABILITE DE SON ECHEC. Au-delà de ce qui pourrait apparaître comme une « sentence facile », il faut, ici, avoir connu l’acidité d’une défaite, d’un échec pour prendre toute la mesure de ce premier moment.

Etre responsable, c’est répondre de… répondre de soi et de son équipe, de chaque personne impliquée à ce moment là. Nul acte de contrition forcé ici, mais une attitude humble et adulte consistant à ne pas se défiler, à ne pas invoquer de faux prétextes, de vaines circonstances.

Assumer la responsabilité de son échec, c’est prendre conscience de ce que l’on a bien fait, et également de ce que l’on n’a pas fait, ou mal fait, ou avec une intensité défaillante. Rien de dramatique ni d’irrémédiable… Juste un regard lucide et clairvoyant posé sur une situation donnée.

Se comporter comme un adulte, et pas comme un enfant…

Comprendre

Un échec ne s’explique jamais totalement, il reste souvent une part d’irrationnel, de « malchance », d’imprévus, etc… Et il faut aussi accepter de ne pas tout maîtriser, autrement dit, de ne pas être le maître de tout (humains et univers). Comprendre c’est se positionner comme un être humain s’appuyant sur ses qualités, mais aussi ses manques, ses défauts.

Une fois cette humilité posée, il faut prendre le temps d’analyser, à nouveau avec responsabilité la situation, ses causes, ses enchaînements. Comprendre, c’est, étymologiquement « prendre avec soi »; c’est l’attitude qui, précisément consiste non pas à se détacher de ce qui s’est passé, mais à faire corps avec nos actions et celles des membres de notre équipe.

La compréhension, l’analyse ne consistent pas en la recherche de « coupables », mais de « comment en sommes-nous arrivés là? ». Poser les éléments avec calme, de manière dépassionnée, le plus souvent grâce à un médiateur, à un tiers, qui accompagne le groupe, permettant de gérer à la fois les relations entre les membres, mais aussi les retours affectifs qui, s’ils doivent être pris en compte, peuvent brouiller l’esprit et faire perdre le sens de la mesure.

Rester unis

La véritable cohésion d’un groupe, d’une équipe se joue dans ces moments clefs. Quand les événements ne se déroulent absolument pas comme nous le souhaitons, quand la situation semble nous échapper inexorablement.

Rester unis, c’est savoir se dire les choses, directement ET de manière constructive.

Rester unis, c’est posséder cette confiance en soi et en les autres dans leur capacité à faire partie d’un groupe, d’un tout cohérent.

Rester unis, c’est garder du respect pour chaque membre et pour soi, avec une acceptation des failles et des faiblesses (des autres et de soi).

Rester unis, c’est accéder à ce savoir profond qu’un groupe s’en sort toujours en restant ensemble et non dans la dispersion, dans le repli individuel.

« Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain »

Pardonnez-nous cette image triviale, et pourtant…

La défaite, l’échec conduisent si souvent à une perte de lucidité incroyable !

L’envie de tout envoyer promener, de tout jeter, tout changer est si forte !

Mais, ici encore, il ne faut pas céder à un infantilisme qui ne conduira nulle part ! Savoir faire face, c’est aussi savoir faire la part des choses !

Il faut ici savoir trouver ou retrouver ses « fondamentaux », que ce soit dans la technique, dans la relation, dans les valeurs, dans les attitudes. Une défaite, aussi cuisante soit-elle ne remet jamais tout en cause, sauf pour ceux qui, précisément, refusant de prendre leurs responsabilités, « envoient tout promener », comme un enfant faisant un caprice, montrant ainsi une immaturité criante.

Savoir, grâce à l’analyse préalable conserver ses points forts, ses acquis, ses savoirs faire !

Changer !

Nous avons parlé d’équilibre, de juste mesure.

Dans la défaite, il faut savoir conserver (ses points forts, ce qui a fonctionné) ET changer (ce qui n’a pas marché).

C’est grâce à une remise en cause raisonnable, adaptée à la situation que le groupe va évoluer… Ou entrer en rupture…

Evoluer, c’est trouver de la continuité dans ce que l’on fait et dans la façon dont on le fait. C’est intégrer que la défaite est un « accident » et qu’il ne s’agit nullement de tout remettre en question mais d’aménager les approches de l’équipe, que ce soit là encore dans la technique, dans l’état d’esprit, mais aussi dans la préparation et la réalisation.

Rompre, c’est faire un état des lieux impitoyable conduisant à la seule réponse qui s’impose. Il faut créer une rupture, passer à autre chose. Une rupture n’est jamais à 100%, mais elle est parfois non seulement radicale mais aussi et surtout nécessaire!

Dans un cas comme dans l’autre il faut à la fois disposer de cette force de la pertinence de l’analyse, mais aussi le savoir faire pour emmener le groupe dans des changements plus ou moins forts.

Se taire !

Dans l’échec, il faut stopper les commentaires, les élucubrations, les incantations ineptes du type « on va s’en sortir », « nous y croyons », etc…

Se taire et agir !

Ne pas commenter, mais travailler !

Si le blabla et les mots lancés à la volée avaient permis à une équipe de se tirer d’une situation délicate, cela se saurait…

Les « miracles », les « retournements de situations incroyables » n’ont jamais été le fait de spécialistes de la parlote, mais d’un groupe qui s’est mis au travail en respectant les conditions pré-citées…

La cohésion et le succès sont le fruit d’une équipe unie qui se met en route dans une dynamique forte.

SAVOIR GAGNER

Respecter

Respecter ses adversaires, condition basique d’une victoire.

Rien ne sert, hormis dans quelques théories de la motivation du type « guerrier » datant du néandertal de dénigrer ses adversaires, ses concurrents, ses compétiteurs… Il faut avoir bien peur, et n’avoir plus d’arguments pour en arriver à cette pauvreté et cette ultime « solution ». De plus, mobiliser les plus bas instincts de ses co-équipiers peut aussi réveiller quelques démons qui briseront l’équipe de l’intérieur…

Respecter ses partenaires également.

Dans une partie, quelle qu’elle soit, chacun devra faire face à des moments de faiblesses, et aussi à ses propres limites. La force d’une équipe qui sait gagner consiste précisément, non pas à accabler celui qui est en difficulté, mais à l’accompagner, voire à le suppléer, avec cette dynamique de confiance mutuelle et de solidarité qui fait la force, qui donne une puissance incroyable aux équipes qui forcent l’admiration.

Le respect fait de nous des être humains et nous sort d’une certaine « animalité » (même s’il y aurait beaucoup à dire sur des comportements parfois plus humains chez les animaux)

Demeurer humbles

La défaite, bien comprise fait apparaître des zones « non maîtrisées », des « imprévus », de la « malchance », des « enchaînements malencontreux ».

La victoire repose sur un savoir faire, sur des forces partagées, sur un état d’esprit, mais aussi… sur une part de « chance »…

Demeurer humble c’est savoir que, dans la victoire, dans la réussite, une part des « choses « nous échappe également et que, quelles que soient les circonstances, il faut savoir « composer » avec…

Capitaliser

Gagner, réussir, c’est conserver un état d’esprit : encore et toujours remettre l’ouvrage sur le métier.

Réussir, c’est garder en tête que toute victoire est éphémère.

Réussir c’est être conscient de l’existence d’un savoir faire et d’un savoir-être qui, cumulés, mis en musique de la bonne manière, dans le bon rythme, dans le bon contexte, nous ont conduit à une issue favorable.

Capitaliser c’est prendre le temps…

Le temps de savourer ! Une victoire se déguste dans un « après » qui doit être un vrai temps de plaisir et de partage en commun

Le temps de comprendre ! Savoir ce qui a été mis en place, ce qui a bien fonctionné, ne pas être « victime de son succès », mais en être les artisans conjoints

Le temps de regarder derrière ! Pour se projeter à nouveau, il faut savoir d’où l’on vient et comment on en est arrivé là !

Avoir la capacité de reproduire une performance

« C’était bien, c’était beau ! » Et?… L’équipe s’arrête là ? Une fois seulement?

Si une équipe a cette capacité, ce savoir faire dans la reproduction d’une performance, alors elle sait gagner et elle sait comment gagner.

Savoir évoluer

Car c’est un des enseignements de la performance à haut niveau, de la performance répétée : ELLE EST LE FRUIT DE CHANGEMENTS PERPETUELS

La clef de la réussite qui dure c’est de savoir évoluer, changer.

Autrement dit de ne pas répéter systématiquement la même recette avec la même façon de faire, les mêmes ingrédients, la même équipe.

C’est savoir se positionner dans l’ajustement permanent.

Asseoir une performance durable, pérenne, c’est savoir, au plus profond de soi que tout s’use et que tout change.

L’usure des méthodes éculées, l’usure de la motivation, l’usure des individus qui répètent sans cesses la même chose…

Les contextes changent, les demandes des clients, les concurrents, la motivation des équipiers, etc…

Autrement dit : oui, il faut savoir changer une équipe qui gagne et sa stratégie !

CONCLUSION

Finalement, gagner, perdre…

Posons-nous, observons, agissons…

Gagner, perdre, réussir, échouer : les 2 faces d’une même pièce.

La clef ? Les valeurs, un état d’esprit et une capacité. Le reste?… des mots…

 

SOPHIE GIRARD & JEAN-OLIVIER ALLEGRE

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La gouvernance est un sujet négligé dans bons nombre d'entreprises (notamment petites et moyennes) qui pensent que c'est un sujet inabordable, voire inutile. Si une gouvernance mal ficelée voire bancale peut mettre en péril une entreprise, une gouvernance bien pensée et surtout bien mise en acte est une source de performance économique, mais aussi de motivation et de bien-être pour chaque salarié. Nous vous proposons un petit guide (très) opérationnel que nous déployons chez nos clients.

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