La performance est un art d’excellence

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Une entreprise, une équipe se pilote sur la base d’objectifs. Ayant déjà abordé ce point dans un de nos précédents billet, nous n’y reviendrons pas, rappelant seulement que des objectifs sont à la fois quantitatifs ET qualitatifs, et que chaque objectif doit pouvoir être suivi, c’est-à-dire mesuré, à la fois par le manager, mais aussi par le managé qui doit bénéficier d’un visuel sur ses réalisations et son niveau de réalisation.

Intéressons-nous aujourd’hui plus spécifiquement à l’après objectif, autrement dit au résultat, c’est-à-dire à l’atteinte (ou non) des objectifs définis…

Le premier cas est la non atteinte des objectifs globaux… Ce cas de figure fera l’objet d’un prochain billet pour savoir comment manager efficacement cette situation qui est loin d’être simple…

Le second cas, pas forcément plus facile à manager (quoi qu’il en semble), car il y a, ici aussi plusieurs configurations possibles…

Premier cas de figure: certains objectifs sont atteints et d’autres non. On ne peut alors parler ni de performance, ni de résultat positif, car le manager ayant défini plusieurs objectifs, complémentaires et croisés, défini un niveau d’exigence global comprenant l’atteinte de l’ensemble des objectifs donnés, et non des résultats positifs « à la carte ». Le manager devra ici valoriser les résultats positifs et travailler avec le managé pour faire une analyse factuelle et contextuelle des objectifs non atteints. Au-delà de cette étape nécessaire mais non suffisante, il conviendra de mettre en place les actions complémentaires ou palliatives afin de ne pas faire revivre une séquence identique au managé, ce qui pourra, à terme, émousser sa motivation, voire sa confiance en ses capacités.

Attardons nous maintenant au cas qui devrait être le plus simple à gérer: l’ATTEINTE GLOBALE des objectifs; autrement dit, la réussite totale sur l’ensemble des objectifs et des indicateurs définis.

Comment manager un tel cas?

Tout d’abord en faisant une analyse de la réussite. L’erreur majeure consiste précisément à ne s’intéresser qu’aux échecs, à la non atteinte des objectifs… Mais, une réussite totale s’analyse tout aussi en profondeur qu’un échec, voire même encore plus! En effet, une réussite est le temps de capitalisation sur les éléments ayant permis l’atteinte de tous les objectifs. Dans cet état de fait, le managé est dans les meilleures dispositions pour réaliser une capitalisation factuelle pertinente si et seulement si son manager prend le temps de le faire avec une envie farouche de comprendre ce qui a généré la réussite.

C’est ici qu’il va falloir parler de PERFORMANCE ou d’EXPLOIT. Ces deux notions, au-delà du vocabulaire sont importantes à DIFFERENCIER pour construire les victoires du futur.

A quoi reconnait-on une PERFORMANCE?

Une PERFORMANCE, c’est, déjà et avant tout un succès que je peux comprendre, expliquer, dont je peux donner les raisons. Il est vrai que la mythologie d’entreprise (ou la paresse intellectuelle) tend à mettre en avant le « caractère unique », quasi « mystérieux » d’un succès total… Si le retour d’un succès est « je ne pourrais l’expliquer », « cela relève de moi, des circonstances, d’un faisceau d’éléments », etc… l’enfumage n’est pas très loin. Etre incapable d’expliquer une réalisation d’objectif, c’est se placer de facto dans l’impossibilité de répéter de manière sereine et construite ce succès. C’est également être dans l’incapacité de faire progresser les autres salariés, et ne créer aucun effet collectif, aucune dynamique de la victoire…

Une PERFORMANCE, c’est donc une capacité à répéter le succès global, l’atteinte totale des objectifs définis. Fort d’un savoir-faire, d’une base de compétences, de savoir, de basiques, de bonnes pratiques, de méthodes, je suis à même non seulement de reproduire dans des circonstances identiques, mais aussi et surtout de faire évoluer ma pratique quand le contexte change, évolue, car, ayant pris conscience des éléments différents, je peux adapter ma méthode, ma pratique à ces changements, et, une fois encore en sachant ce que je fais et pourquoi je le fais!

Une PERFORMANCE, c’est aussi une capacité à progresser dans le temps pour stabiliser une pratique d’excellence. Il convient ici encore de clarifier les choses. STABILISER une pratique d’EXCELLENCE, ce n’est pas être statique; bien au contraire, c’est être en constante curiosité, en état d’observation des évolutions, des changements, de les comprendre, de les intégrer et de trouver les bonnes pratiques adaptées et efficaces. Autrement dit, stabiliser l’excellence, donc reproduire une PERFORMANCE, des PERFORMANCES, c’est se placer dans une DYNAMIQUE constante de curiosité et de progression. Quant à la visée de l’EXCELLENCE, elle est réellement la visée de la PERFORMANCE véritable, celle qui veut une réalisation de haute qualité tant dans son aboutissement (résultats) que dans son chemin de réalisation (les méthodes) ainsi que les comportements de celui qui réalise la performance (éthique, savoir-être).

C’est seulement dans ce cas que l’on peut parler de PERFORMANCE:

    • Compréhension des raisons du succès
    • Capacité à répéter le succès
    • Stabiliser l’excellence

Assez paradoxalement la performance relève de la coopération: celle entre un managé qui possède un réel projet professionnel, une conscience professionnelle, mais aussi d’un manager qui veut et sait accompagner son équipe vers les sommets, mais aussi vers plus de plaisir dans le travail au quotidien.

Nous sommes ici bien loin de l’exploit, cet événement unique, incompréhensible et non reproductible. L’exploit se produit une fois, sans que celui qui l’a réalisé soit capable de le comprendre, soit capable de capitaliser et de le répéter… L’exploit peut aussi générer une phase d’euphorie qui peut générer dans le meilleur des cas une désillusion à venir, voire un réel trou d’air, et même, dans certains cas extrême, la fin de toute performance, tant la personne croit à un effet « magique », autrement dit qu’elle n’a pas fait des actions ayant créé la réussite, mais qu’elle est la réussite… Les cas sont ici, hélas trop nombreux de ces sportifs de talents n’ayant pas dépassé « la belle victoire », de ces musiciens prometteurs n’ayant réalisé qu’une seule et magnifique interprétation… En entreprise aussi, ils sont nombreux tous ces « potentiels » qui n’ont jamais eu d’avenir, ces salariés ayant eu une superbe réussite avant de disparaître dans les confins de la médiocrité…

Vigilance, capacité d’analyse, curiosité et humilité… Voici bien quelques ingrédients qui permettent de construire une PERFORMANCE durable; et, ici encore le manager peut y être pour quelque chose… s’il pense non seulement à la performance opérationnelle de ses managés, mais à ce que signifie la performance managériale, autrement dit la capacité pour un manager de faire réussir dans la durée une équipe et des personnalités différentes…

Jean-Olivier ALLEGRE & Sophie GIRARD

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