Managers de proximité : petit hommage aux grands oubliés du management

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En ces temps de pandémie et de crises à répétitions, allons faire un tour chez les grands oubliés et négligés dans les entreprises : les managers de proximité.

 

DES PÉRIMÈTRES ET ATTRIBUTIONS SOUVENT MAL DÉFINIS

 

On les appelle managers de proximité, managers de terrain, managers première ligne. Au-delà de leurs dénominations, ce qui est marquant c’est que la plupart du temps leurs périmètres d’action et de responsabilité sont mal définis.

Tout d’abord ils font tout et de tout :

  • Opérationnels et techniques comme leurs équipes, ce sont des super techniciens. Dans le pire des cas ce sont « des bras et des jambes supplémentaires » et en « horaires libres » (entendez: « ils ne pointent pas et peuvent travailler sans compter les heures »).
  • Administratifs, ils ont souvent la responsabilité de tout le « papier » (réel ou virtuel) et de l’application de l'avalanche des normes et contraintes qui s’appliquent à de plus en plus de métiers.
  • Managers aussi dit-on ! Réellement ? Mais avec quelles prérogatives ? Quel temps dédié spécifiquement au management ? Quelles responsabilités? Et quels moyens pour répondre de ces responsabilités ? Et surtout quelles compétences managériales et quelles actions managériales sont attendues ?…

Dans la nuit noire de l’inconsistance d’entreprise, les managers de proximité naviguent à vue souvent sans formation managériale et avec des moyens peu appropriés pour mener à bien leurs missions (qui ne sont pas définies clairement)

BONNE PRATIQUE NUMERO 1 : Clarifier le périmètre, les attendus et donner les compétences managériales et les moyens de tenir le périmètre.

 

 

LES HEROS DU QUOTIDIEN

 

Ces femmes et ces hommes sont au contact des équipes chaque jour de la semaine; les managers de proximité passent 8 heures par jour avec les équipes. Ce qui veut dire que ce sont les premiers à vivre et partager ce que vivent les équipes. Et bien sûr, ce que partagent les équipes en premier, ce sont… les problèmes, les difficultés et les incohérences… Les managers de proximité sont les premiers à prendre les retours des équipes, sans filtre et parfois sans précaution. Ils sont les premiers vecteurs de motivation, de démotivation (ou de démotivation quand ils ne tiennent plus leur rôle). Ils sont les premiers à relayer (ou non) les messages de la Direction des entreprises et les premiers aussi à en avoir les retours…

BONNE PRATIQUE NUMERO 2 : Manager et motiver ses managers de proximité pour leur apporter les ressources nécessaires au management des équipes.

 

 

ILS TIENNENT LA BARAQUE DANS LA CRISE

 

Les managers de proximité étaient déjà extrêmement sollicités avant la crise sanitaire démarrée en mars 2020. Cette crise qui a frappé les individus et les institutions, les organisations et les organismes a encore plus sollicité les managers de proximité. Il a fallu inventer des organisations éphémères pendant les confinements, inventer des planifications pour les équipes. Il a fallu rassurer les personnes qui avaient peur, tempérer celles qui se moquaient de tout. Il a fallu donner du sens à des directives gouvernementales qui n’en avaient pas et qui changeaient tous les 3 jours. Il a fallu expliquer des règles qui étaient inexplicables. Il a fallu apprendre en mode accéléré la conversion au digital, le management à distance, faire des visios pendant 8 heures par jour, etc… Il a fallu, ou pas… car nombre de managers de proximité ont explosé pendant cette période; soit perdus corps et bien dans la tempête de la crise, soit ils erraient sans savoir  comment faire pour manager et gérer une situation pour le moins inédite… Aujourd’hui, il faut apprendre à manager en mode « mix » ou « blended » comme l’on dit poétiquement… qu’il y a t-il derrière ces anglicismes barbares? Il faut manager des personnes 100% en présentiel, d’autres 100% en distanciel et d’autres en 2 jours / 3 jours présentes en entreprise - et le reste en télétravail… « Welcome to the real world! » disait Morpheus à Neo dans le film « Matrix ». Le problème, c’est qu’ici, les managers de proximité n’ont pas le choix entre la pilule bleue ou la pilule rouge…. (Dans le film, la pilule bleue permet de revenir dans une situation de déni du réel).

BONNE PRATIQUE NUMERO 3 : Reconnaître ses managers de proximité, leur donner les clefs de la stratégie de l’entreprise et les moyens de manager dans le monde actuel.

 

 

AU COEUR DE TOUTES LES CONTRADICTIONS

 

Il est de coutume de dire, dans les entreprises : « à la fin, toutes les contradictions et problèmes que nous n’avons pas su et voulu gérer finissent dans la production. Car, à un moment, il faut produire pour le client, au-delà de toutes les difficultés et problèmes… ». Eh bien vous allez rire, mais dans la relation humaine, c’est pareil ! Il y a un endroit où échouent comme des baleines toutes les contradictions de l’entreprise : c’est dans les équipes avec les managers de proximité ! « A votre santé! Et bienvenue dans la guerre de tranchées! ». Il est beau et doux, pour certains dirigeants, d’acheter la paix sociale avec des accords conclus certes mais que l’on demandera si c’est possible de ne pas appliquer sur le terrain, mais qui font « éthique et chic » dans la communication, dans la « marque employeur » et avec les partenaires sociaux. Dont acte ! Et devinez qui va devoir gérer ça « en vrai et avec de vraies personnes »?… je vous le donne Emile : les managers de proximité !

Comment expliquer ce que tu ne peux pas dire à des équipes qui ne comprennent pas? Les « communicants » cherchent encore la pierre philosophale pour faire passer des messages qui mettent en place l’inverse de ce qu’ils annoncent; mais, à notre connaissance, ils cherchent encore, car habiller le mensonge et la pleutrerie demandent, pour le coup, une sacrée pilule de communication. Bref ! Les managers de proximité vivent au quotidien ces situations surréalistes et ils doivent « tenir la ligne »…

BONNE PRATIQUE NUMERO 4 : Exercer le courage managérial au sommet de l’entreprise pour éviter  aux managers de proximité les numéros de contorsionnistes communicationnels indécents et partager en toute transparence sur les situations difficiles en donnant les moyens aux managers de proximité de réellement tenir la ligne.

 

 

Nous avons la chance d’avoir des clients et des dirigeants qui ont compris ces enjeux et cette nécessité pour leur management opérationnel d’avoir les moyens de bien jouer leur rôle de managers de proximité. Même dans ce cas là, les difficultés ne sont pas absentes, alors nous avons une grande et sincère pensée pour tous les managers de proximité qui sont livrés à eux-mêmes et qui continuent à tenir la ligne. Chapeau bas à eux, car leur mérite est immense !

Accompagnez et reconnaissez vos managers de proximité, car lorsque les fondations sont ruinées, que peut faire le Juste?..

 

Sophie GIRARD & Jean-olivier ALLEGRE

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