Les fondamentaux du management (5/5) : Recadrer
Dernier volet de nos billets sur les bases du management, les techniques du recadrage des hors-jeux comportementaux nous entraînent sur des chemins délicats dans la pratique du manager.
En effet, si le manager laisse passer les hors-jeux comportementaux, l’équipe aura tôt fait de lui reprocher de favoriser les uns ou les autres, et surtout de mettre en péril la cohésion et la cohérence de l’équipe. Mais, d’un autre côté, lorsque le manager prend ses responsabilités et rappelle les règles de vie commune et de savoir-vivre ensemble, les personnes ainsi rappelées à l’ordre le prennent rarement bien…
Or, sans un cadre clair et sans un manager pour faire vivre et respecter les règles (méthodes, process métier, organisation, savoir-vivre ensemble, etc…), aucun groupe humain ne saurait se développer harmonieusement. On oublie trop souvent que l’absence de règles et de quelqu’un pour les faire vivre et respecter conduit tout droit au règne de la loi du plus fort, mini barbarie humaine qui écrase sans vergogne ceux qui n’ont pas les moyens de résister à ces « forts » qui placent le rapport de force comme loi humaine…
La pratique des rappels des règles, du recadrage n’est pas aisée, car elle suppose un manager non seulement crédible aux yeux de son équipe, mais qui a aussi suffisamment confiance en lui pour poser un acte de manager qui est loin d’être neutre.
Rappelons-en ici les fondamentaux :
1° Tout rappel des règles doit s’opérer sur la base de faits concrets et vérifiés
2° Le rappel des règles ne se réalise pas pour exclure le salarié, mais au contraire pour le faire revenir dans le terrain de jeu et ainsi permettre de retrouver une logique de coopération
3° Recadrer est certes une « sanction », mais c’est aussi et surtout un signe d’intérêt du manager qui croit en la personne
4° Les rappels des règles s’opèrent de manière progressive
5° Le recadrage se fait toujours en individuel. Il s’agit de rappeler les règles, pas d’humilier collectivement
6° Lors d’un rappel des règles, le manager ne polémique jamais sur les justifications du salarié, cela est inutile et contre productif.
Il va de soi que, si le rappel des règles est un acte managérial, il peut, selon la répétition des fautes ou selon leur gravité, se doubler d’un acte qui relève des Ressources Humaines, et qui pourra aller de la lettre de rappels des faits au licenciement, en passant, progressivement là aussi, par la lettre d’avertissement, la mise à pieds et autres sanctions.
Le recadrage n’est pas un signe de défaillance du management. Si les différentes dimensions du management que nous avons appréhendées dans nos autres billets (Exiger, Contrôler, Considérer) ont été réalisées, le manager doit aussi savoir pratiquer les techniques du recadrage. A nouveau, non pas pour exclure a priori (même si cette issue peut non seulement arriver, mais parfois être nécessaire), mais bien pour donner une chance au salarié de revenir dans le terrain de jeu commun.
Les managers qui hésitent ou culpabilisent à l’idée de devoir pratiquer le recadrage devraient prendre conscience qu’un groupe sans responsable ne fonctionne pas.
Quant aux salariés qui pratiquent le hors-jeu comportemental ou métier et qui s’étonne de se faire rappeler à l’ordre par leur manager, ils devraient prendre conscience que leur attitude met en danger le collectif…
Jean-Olivier ALLEGRE & Sophie GIRARD
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