Volonté et désir

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3 minutes

Manager une équipe aujourd'hui  | Episode 2

Volonté et désir en management

 

Il existe une célèbre maxime de Sigmund Freud disant : "de la frustration naît le désir…"

Au-delà de la plaisanterie, elle est, comme souvent dans "l'humour viennois" une indication vers une réelle profondeur.

 

Bon, d'accord nous direz-vous, très bien pour l'humour mais en quoi cela peut-il avoir la moindre importance dans le management des équipes ?

 

Commençons donc d'abord par préciser volonté et désir, puis illustrons la différence et enfin tirons-en des liens avec la pratique managériale et surtout les relations humaines en générale.

 

VOLONTÉ

La volonté est la caractéristique d'une vision unilatérale des choses et, dans le cas qui nous préoccupe, des relations humaines. La VOLONTÉ, C'EST PRENDRE sans soucier de ce que l'on prend et de ce que l'on prend a envie ou non. J'ai faim. Je vois un gâteau. Je ne demande pas son avis au gâteau : je le prends et je le mange ! Fin de l'histoire. Illustration triviale car il s'agit d'un "objet". Il nous faudra en tirer les conséquences dans les relations humaines, autrement dit, quand "l'objet" est un "sujet", c'est-à-dire un être humain….

 

DÉSIR

Le désir est l'expression d'une envie ET la demande à ce dont on a envie de venir nous rejoindre (ou pas) dans ce même désir. Plus délicat, plus nuancé, le désir nous fait entrer au cœur même des relations humaines, mais encore plus profondément de notre humanité, car le désir est RESPECT DE L'AUTRE, jusque dans SES REFUS possibles. Cela signifie par exemple, que nos Narcisses Immatures™ sont totalement incapables de désirs, tant ils sont égocentrés, égoïstes et fondamentalement incapables d'empathie et de respect pour autrui. Le désir est le mode de relation proprement humain. Hors du désir… la tyrannie, la violence… Le désir repose fondamentalement, en plus du respect, sur la notion de CONSENTEMENT, de la personne à qui je m'adresse. Elle me demande donc de ne pas me croire "maître et possesseur des autres, de la nature et de l'Univers". Ce qui suppose, et nous en finirons là dans ce premier moment, que le désir suppose aussi la LIBERTÉ et le RESPECT DE LA LIBERTÉ D'AUTRUI…

 

ILLUSTRATIONS

Commençons par basique dans le domaine de la physique : l'aimant ne demande pas son autorisation et son envie à la limaille de fer pour l'attirer à lui ! Il l'attire et point barre. L'aimant ne demande pas l'autorisation à la limaille de fer…

 

Pour être plus poétique, et pour bien distinguer la DIFFÉRENCE ENTRE VOLONTÉ ET DÉSIR, prenons l'exemple de la construction d'un pont.

Commençons par le CHEMIN DE LA VOLONTÉ. Dans ce cas, la situation est "simple" : j'ai toutes les briques, les barres et les câbles qui me permettent de construire le pont. Donc, je m'y mets, tout (quasiment) dépend de moi : je construis et je relie les 2 berges de la rivières.

Concernant le CHEMIN DU DÉSIR… Nous sommes 2 personnes, chacune sur une berge de la rivière, et nous nous faisons face, séparées par la rivière. Chaque personne possède la moitié du matériel de construction : briques, barres, câbles, etc.. Cela signifie très concrètement que l'ouvrage, autrement dit la connexion entre nous ne pourra se faire QUE SI & SEULEMENT SI, CHACUN DE NOUS ACCOMPLIT INTÉGRALEMENT SON CHEMIN. Si l'un de nous 2 ne veut pas construire sa moitié de pont, je ne pourrai pas le faire à sa place, et même si je veux(!) construire le pont intégralement, je ne le peux pas, car UNE PARTIE DE LA RÉALISATION NE DÉPEND PAS DE MOI. Je peux séduire, fulminer, tempêter… Si l'autre ne fait pas son chemin… la jonction ne se fera pas… La logique du DÉSIR met en avant la COOPÉRATION, quitte l'unilatéral pour entrer dans le multilatéral, donc… la complexité (nous aurons l'occasion d'y revenir dans d'autres articles pour rester dans le cadre de ces articles "courts").

 

Terminons par l'illustration de la barbarie possible d'un être humain incapable de maîtriser sa VOLONTÉ quand il n'y a pas consentement, et nous voilà dans le viol, la violence jusqu'à la négation ultime de l'autre qui serait de le supprimer. À l'heure actuelle, dans la décivilisation des Narcisses Immatures™, cette hypothèse n'en est plus une. La multiplication des actes de violence confirme que notre société a enclenché cette pente de la volonté sans mesure et surtout du refus du respect et du consentement de l'autre (ici encore, développer cette idée nous entraînerait trop loin dans le cadre de ces articles).

 

CONSÉQUENCES & CONCLUSIONS

Tirons les enseignements de ces réflexions et illustrations, car nous pouvons prendre conscience que la différence entre VOLONTÉ et DÉSIR ne relève pas (que!) de la lubie de philosophe ou de pinailler sur les mots. Non ! Si, précisément, les mots ont un sens et surtout une réalité et encore plus des conséquences, cette distinction est CAPITALE DANS LE MANAGEMENT ET LA GOUVERNANCE.

La dynamique du management, mais aussi des relations humaines basées sur le RESPECT, doit poser la question du consentement dans l'exigence et la vie en collectif…

Le travail des entreprises sur le sujet est énorme pour ÉVITER DEUX CARICATURES : d'une part la tyrannie de la volonté ou rien ne serait négociable, et de l'autre, la dissolution de l'autorité et du cadre collectif dans une anarchie qui fait émerger (assez paradoxalement) non pas la liberté de chacun, mais la loi du plus fort.

Cette question de l'articulation entre volonté et désir trouve donc sa réponse dans la clarification nécessaire du NON NÉGOCIABLE (cadre posé et imposé permettant la vie commune) et le NÉGOCIABLE (permettant l'autonomie des acteurs du système de l'entreprise).

 

Sophie Girard & Jean-Olivier Allègre

Tags
management, responsabilité, respect, négociable, non négociable

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